Les Artistes de la Béringie

La dimension artistique de nos expositions, à notre avis, enrichit grandement l’expérience des visiteurs au Centre d’interprétation de la Béringie. C’est tout un art de faire revivre un monde révolu et d’en illustrer les merveilles! Ces œuvres d’art nous font plonger dans l’atmosphère qui régnait à l’époque de la Béringie, éveillent notre curiosité et nourrissent notre imagination. Elles nous invitent à poser des questions et à sonder le passé, à faire les liens entre ces temps lointains et notre présent et à nous rapprocher de ce qui nous entoure.

Les œuvres d’art qu’abrite le Centre d’interprétation de la Béringie ont été réalisées par une brochette d’artistes de la région et de l’extérieur, possédant chacun un style et un bagage bien particuliers. Chaque œuvre nous convie à une aventure fascinante, que ce soit sous forme visuelle (représentation de l’univers physique de l’époque) ou orale (récit de légendes des Premières nations). Nous sommes fiers de la richesse artistique et de la diversité culturelle du Yukon et avons à cœur d’en faire profiter nos visiteurs.

Les différentes œuvres qui ornent le Centre sont décrites ci-dessous, accompagnées d’une brève biographie des artistes.

Recréer un Monde Disparu

Véhiculer des Légendes Anciennes

Recréer un Monde Disparu

La plupart des œuvres qu’on peut admirer au Centre relèvent de l’art paléontologique, c.-à-d. la reconstruction d’espèces disparues et de paysages des temps anciens. Les paléoartistes travaillent généralement en étroite collaboration avec les paléontologues; ils étudient les fragments du squelette (souvent momifiés) de l’animal, les comparent à des espèces semblables, et reproduisent, en se fondant sur les meilleures données disponibles, l’apparence et les habitudes de l’animal. Ce travail peut-être très ardu, car nos connaissances sur certaines espèces disparues sont très parcellaires. Mais malgré ces lacunes, les artistes réussissent à reproduire de façon crédible et captivante les choses du passé telles qu’elles ont sans doute existé. Transcendant les barrières linguistiques, générationnelles et sociales, l’art paléontologique est une source d’inspiration pour quantité de scientifiques en herbe.

Nous sommes privilégiés en ce qui concerne la reconstruction paléoartistique de la Béringie, car nous avons accès à une mine de fossiles d’animaux et de plantes superbement préservés dans le pergélisol qui nous renseignent sur les paysages et les espèces de l’époque glaciaire. Les peintures murales et autres pièces d’art paléontologique qui accompagnent nos expositions contribuent grandement à restituer l’atmosphère de cette époque.

George Teichmann peintre - Yukon et ex-Tchécoslovaquie iceagebeasts.com

George Teichman est né en ex-Tchécoslovaquie et a étudié à l’École populaire des arts, en Bohême. Enfant, George aimait déjà dessiner des animaux de l’âge glaciaire. Il a été très influencé par l’artiste tchèque Zdeněk Burian, que plusieurs considèrent comme le père de l’art paléontologique. George a entrepris des études sur le travail du verre taillé, mais sans délaisser sa passion pour le dessin animalier, que ce soit d’espèces contemporaines ou d’animaux du Pléistocène, passion qui lui a valu de participer à plusieurs expositions.

Scène hivernale en Béringie, de George Teichman.
Scène hivernale en Béringie, de
George Teichman.

En 1983, il immigre au Canada, où il mène une vie d’aventure pendant quelques années, dont un voyage en canot d’un peu plus de 4 000 km effectué en solo, avant de finalement s’établir au Yukon en 1991. La création du Centre de la Béringie a été une occasion en or pour George de poursuivre son travail comme paléoartiste. Le ministère du Tourisme et de la Culture du gouvernement du Yukon a fait l’acquisition d’une importante collection de ses œuvres.

Les tableaux de George Teichman (qu’il signe Rinaldino, son nom d’emprunt) sont mis à l’honneur sur les affiches du Centre, très populaires, et à plusieurs endroits sur notre site Web. Ils représentent les vastes paysages de la Béringie, à la flore et à la faune impressionnantes. C’est aussi lui qui a réalisé la toile de fond de l’exposition « L’étrange et le familier » qu’on peut admirer à l’entrée du Centre.

Jan Vriesen peintre muraliste - Milaca, Minnesota

Squelette d’un paresseux marcheur de Jefferson, et toile de Jan Vriesen.
Squelette d’un paresseux marcheur de Jefferson,
et toile de Jan Vriesen.

Jan, une sommité mondiale comme peintre d’exposition, est surtout connu pour ses murales qui servent de fond aux dioramas de divers musées. Sa toile d’un paresseux marcheur de Jefferson en train de manger donne vie au squelette de l’animal exposé à côté dans le grand hall du Centre. Jan et sa femme, Deborah, ont également participé à une ancienne exposition : la peinture murale du diorama consacré aux chevaux du Yukon. Nous les en remercions.

Divers musées de renom au Canada, aux États-Unis et en Europe se sont portés acquéreurs de ses œuvres, dont le Denver Museum of Nature & Science et le Morris Thompson Cultural & Visitors Centre de Fairbanks, en Alaska.

Lillian Loponen peintre - Keno et Whitehorse, au Yukon, et Alaska loponenarts.com

Couches des berges, par Lillian Loponen.
Couches des berges, par Lillian Loponen.

Lillian a vécu et travaillé plusieurs années à Keno avant de déménager à Whitehorse, où elle s’est jointe au collectif exploitant la galerie Yukon Artists at Work. On trouve ses aquarelles et ses huiles sur toile de paysages frappants dans la Royal Collection, au château de Windsor (Royaume-Uni), dans la Collection permanente d’œuvres d’art du Yukon, au musée des mines de Keno et au Centre des Jeux du Canada, à Whitehorse.

Pour le Centre de la Béringie, elle a peint l’impressionnante toile de fond de la vitrine sur l’ours géant à face courte, et en 2000, elle s’est vue confier la remise en état et la peinture du tableau qui se trouve à l’extérieur, représentant les couches des berges du fleuve. En 2017, on lui a demandé de réaliser la toile de fond du diorama sur le saïga, l’antilope des steppes.

Chris Caldwell peintre - Whitehorse, Yukon caldwellart.com

Murale de Chris Caldwell au Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon.
Murale de Chris Caldwell au Centre d’interprétation
de la Béringie du Yukon.

Chris vit au Yukon depuis 1979. Ses aquarelles humoristiques de scènes de chasse au gros gibier, de pêche, de descente en eau vive, d’équitation et d’autres activités de plein air font la joie des collectionneurs depuis plus de 30 ans. Ses travaux s’inspirent de faits vécus ou de récits et de photos de ses clients. Elle a un don pour saisir l’esprit et les traits de caractère propres à chacun de ses sujets.

Bien qu’elles ne soient plus exposées au Centre de la Béringie, on peut admirer les œuvres de Chris sur de nombreuses photos affichées sur place. Pendant de nombreuses années, ses peintures ont embelli les portes de sortie de l’auditorium et le couloir menant à la salle d’exposition située à l’arrière. Par son utilisation de la couleur et ses images vivantes, elle a su rendre l’atmosphère chargée d’énergie qui régnait sur la steppe préhistorique balayée par les vents.

Véhiculer Des Légendes Anciennes

Les pièces d’art qui s’intègrent à nos expositions ont pour objet d’illustrer de façon aussi vivide que possible le mode de vie des premiers habitants d’Amérique du Nord et de faire connaître les légendes racontées par les Premières nations du Yukon.

Halin de Repentigny peintre - Dawson City, Yukon halinderepentigny.ca

Halin est né à Montréal, au Québec, mais a grandi à Gaspé. Maurice Lebon et Marcel Farreau, deux impressionnistes canadiens-français, ont exercé une influence marquante sur Halin dès son jeune âge. Sans avoir suivi de formation particulière, Halin s’est mis à peindre à l’âge de six ans, mû par un vif intérêt pour la création artistique et un talent inné. Neuf ans plus tard, il exposait déjà son travail à titre professionnel. En 1981, il est venu s’établir à Dawson pour y réaliser un rêve qu’il nourrissait depuis l’enfance : être trappeur. Il a passé plusieurs années dans le bois, à piéger, accompagné de son attelage de chiens, et à peindre. Ses tableaux de paysages sauvages ou de scènes de la vie d’antan à Dawson et ses caricatures de personnages de la région hauts en couleur ornent plusieurs collections privées, galeries d’art et lieux publics au Yukon, dans le reste du Canada, aux États-Unis, en Allemagne, au Pérou, au Costa Rica et aux îles Vierges. À présent, Halin partage son temps entre le Yukon et la Patagonie, en Argentine.

Ch’itahuukaii, le Voyageur, d’Halin de Repentigny.
Ch’itahuukaii, le Voyageur,
d’Halin de Repentigny.

Deux pièces d’Halin ont été choisies par un comité composé d’Aînés des Premières nations, de membres de la communauté artistique du Yukon et de représentants du gouvernement territorial pour être exposées au Centre de la Béringie, dont la grande murale très colorée évoquant la légende de Ch’itahuukaii que l’on peut admirer dans la salle d’exposition située à l’arrière.

Selon la légende gwich’in, Chi’tahuukaii aurait traversé le territoire, transformant les animaux géants et mangeurs d’hommes de l’époque préhistorique en espèces que l’on connaît aujourd’hui. Il se peut que cette histoire ait un fond de vérité et véhicule des souvenirs d’un temps lointain habité par les géants de l’époque glaciaire.

Mark Porter sculpteur - Teslin, Yukon

Mark Porter, un membre du clan Kukhhitan (Corbeau) des Tlingits de Teslin, a grandi dans une famille de douze enfants. Il était le petit-fils de George Johnston, un photographe tlinglit de renom. Kanaash (son nom de clan) a grandi à Teslin. Il démontrait un intérêt profond pour sa culture et les histoires de son peuple que sa mère lui racontait. Il avait un talent naturel pour la conception graphique et la sculpture.

La création du monde par le Corbeau, de Mark Porter et Keith Wolfe Smarch.
La création du monde par le Corbeau, de Mark Porter et Keith Wolfe Smarch.

À 17 ans, il entreprend sa carrière de sculpteur comme apprenti de Keith Wolfe Smarch, mais en moins de cinq ans, il se distingue comme artiste à part entière et devient le partenaire de Keith. Deux de leurs pièces collectives sont en montre au Centre de la Béringie : « Au carrefour des légendes » et « La création du monde par le Corbeau ».

Mark meurt à l’âge de 28 ans, dans l’incendie qui a ravagé sa maison de Whitehorse en 1999. On trouve de ses sculptures au Centre d’art autochtone (Ottawa), dans la Collection permanente d’œuvres d’art du Yukon, au Centre du patrimoine tlingit de Teslin, et dans des collections privées au Yukon et ailleurs au Canada.

Brian Walker sculpteur - Whitehorse, Yukon

Avant son arrivée au Yukon, en 1969, Brian avait étudié avec Bill Reid, Dempsey Bob et Philip Jamze. Une fois établi dans le Nord, il a poursuivi ses études avec Keith Wolfe Smarch et Mark Porter, deux artistes yukonnais avec lesquels il a par la suite collaboré. En 1992, il a commencé à travailler le cuivre, qui l’attirait en raison de son importance de longue date dans l’histoire du Yukon. Il est connu pour ses masques, ses bols et ses objets de cérémonie qui allient le cuivre, le bronze et le bois.

Brian s’intéresse aussi de près aux canots ayant une valeur patrimoniale ou historique. En 1995, il a participé à des fouilles effectuées au lac Laberge pour le compte de la Première nation des Kwanlin Dün qui visaient à retrouver une pirogue datant probablement de plus de 100 ans et à documenter la découverte. Il a aussi collaboré, en 2009, au Yukon Canoe Project, dont le produit, une pirogue monoxyle de 30 pi en thuya géant taillée par 19 jeunes sculpteurs, occupe maintenant une place d’honneur au Centre culturel des Kwanlin Dün à Whitehorse.

Keith Wolfe Smarch artiste et sculpteur - Carcross, Yukon keithwolfesmarch.com

Au carrefour des légendes, de Keith Wolfe Smarch, Mark Porter et Brian Walker.
Au carrefour des légendes, de Keith Wolfe
Smarch, Mark Porter et Brian Walker.

Natif de Whitehorse, Keith appartient au clan Dakh’lawêdi (Épaulard) des Tlingits de Teslin. Il est de la lignée et du même clan que Skookum Jim, à qui on attribue la découverte d’or au Klondike en 1896. Le nom tlinglit de Keith, Shakoon, signifie « oiseau des montagnes ».

À 20 ans, il est parti étudié en Colombie-Britannique avec les sculpteurs Dempsey Bob et Freda Diesing, qui appartiennent respectivement aux nations Tahltan Tlingit et Haïda. Par la suite, il s’est rendu à Toyama, au Japon, pour étudier le travail du bois et du bronze avec Haruki Fujii.

En plus de son travail comme sculpteur, Keith a à cœur de transmettre son savoir par la création artistique. Il travaille actuellement de chez lui, à Carcross, au Yukon. Deux mâts totémiques commémoratifs sculptés par Keith ornent le village commercial Carcross Commons depuis son inauguration au printemps 2013. On trouve de ses pièces dans la Collection permanente d’œuvres d’art du Yukon, ainsi que dans nombre de collections privées et galeries en Amérique du Nord, en Europe et au Japon.

Autres Artistes de Talent Ayant Contribué aux Expositions du Centre

Doug Taylor, Livelong, Saskatchewan

Doug a créé le diorama illustrant un campement d’hiver et en a peint l’arrière-plan.

Wei Lee, Saskatchewan

On doit à Wei Lee la toile de fond de la vitrine consacrée au spermophile arctique.

Paul Geraghty, Avonlea, Saskatchewan

Paul a peint le fond et les roches de l’exposition grandeur nature sur les grottes du Poisson-Bleu.

Sabine Adams, Catherine Deer, Lorant Karnis et Jennie Lamont

Ces artistes ont réalisé les dessins à la plume et à l’encre qui agrémentent le texte décrivant certaines des expositions présentées.