Le Centre
HISTORIQUE
À l’origine, le bâtiment où se trouve actuellement le Centre d’interprétation de la Béringie avait été construit pour abriter le Centre d’information touristique du Yukon, qui y a été exploité de façon saisonnière de mai 1992 à septembre 1996, avant d’emménager dans ses nouveaux locaux au centre-ville de Whitehorse.
Le bâtiment a été rénové et agrandi au cours de l’hiver 1996-1997, et le 29 mai 1997, le Centre d’interprétation de la Béringie était inauguré par le ministre du Tourisme de l’époque, M. Dave Keenan.
Au début, le rôle du Centre était surtout d’offrir aux personnes en visite au Yukon un aperçu de ce que fut le territoire à une époque lointaine. On pouvait y voir des dioramas captivants d’espèces de l’époque glaciaire aujourd’hui disparues, des squelettes complets de certains des animaux emblématiques de la Béringie, et une reproduction grandeur nature des grottes du Poisson-Bleu, un site archéologique faisant l’objet de vifs débats. Nous mettons un point d’honneur à aborder de front avec nos visiteurs venus découvrir le riche patrimoine naturel du Yukon les controverses d’ordre scientifique (et architectural, comme on peut le lire plus bas) en périphérie ou au centre desquelles se trouve le Centre.
Le Centre de la Béringie s’est donné comme mission de présenter et de préserver le savoir traditionnel des Premières nations et les connaissances scientifiques entourant le vaste sous-continent que constituait la Béringie. Depuis son ouverture, le Centre a accueilli plus de 350 000 visiteurs qui se sont familiarisés avec le passé particulier du Yukon à l’époque glaciaire. Ces dernières années, le Centre a réorienté ses programmes et services afin de servir davantage au développement communautaire de Whitehorse.
Leadership
Le gouvernement du Yukon possède et exploite le Centre d’interprétation de la Béringie, le seul musée au Canada consacré à la dernière grande époque glaciaire. Le gouvernement du Yukon soutient de plus huit centres culturels autochtones, trois musées municipaux et sept musées à but non lucratif.
LE BÂTIMENT
Le bâtiment qui abrite le Centre a alimenté de vifs débats au sein du public, suscitant autant d’appréciation que de colère. Une telle réputation pourrait en inquiéter certains, mais à notre avis, un bâtiment qui soulève autant de controverse et de discussion est un bâtiment dont il y a lieu d’être fier – un point de vue que partagent sûrement les architectes à qui l’on doit sa conception.
LE STYLE ARCHITECTURAL
Les concepteurs du bâtiment original, Manasc Isaac, visaient à faire du nouveau centre d’information touristique du Yukon un édifice qui attire l’attention et dont on se souvient. Ils ont accompli leur mission, c’est le moins qu’on puisse dire! Dans une petite ville nordique où les bâtiments en rondins se disputaient l’espace avec des bungalows à ossature d’acier de style militaire et des abris Quonset préfabriqués en tôle ondulée, leur création détonnait et a été très critiquée. À son inauguration au printemps de 1992, on l’a affublée de tous les qualificatifs, plus imagés les uns que les autres : « vraiment très moche », « une grosse baleine échouée », « une tache dans le décor », « une monstruosité extraterrestre ».
Dans l’avant-projet de conception, présenté en octobre 1990, le bâtiment était ainsi décrit : « s’inspirant des formes structurales délicates et légères comme on en voit souvent au Yukon – charpentes de kayak, tentes, squelettes de poisson, ailes d’avion… une structure allongée et étroite, s’étalant horizontalement sur un axe parallèle aux montagnes et à la route, à mi-chemin entre les deux… établissant un point d’arrêt. Les salles d’exposition et l’auditorium seront logés sous une enceinte délicate constituée d’une rangée continue de poutres cintrées, contre laquelle viendra trancher, à son extrémité, une tour solide destinée à abriter les salles d’eau, et tenant en quelque sorte le rôle de phare » (oui, les toilettes sont de première importance!).
L’avant-projet décrivait aussi une véranda formée d’une toile recouvrant les poutres cintrées menant à l’entrée : « cette structure semblable à une tente évoque les premiers peuplements établis dans le Nord » et « la transition entre cette véranda et le pavillon abritant les salles d’eau reflète le passage entre la route poussiéreuse où le voyageur est accablé par la chaleur et une cour intérieure offrant une oasis de fraîcheur et d’ombre qu’évoquera la fontaine érigée comme pièce centrale. »
Le produit final est un superbe édifice couronné de poutres en lamellé-collé de douglas vert, un mur complet de fenêtres sur toute la hauteur et une toiture cintrée en cuivre qui brille au soleil… mais pas de fontaine! Le vent a déchiré la toile qui recouvrait la véranda dès le premier été. On l’a remplacée par une toile plus épaisse, mais l’eau de pluie s’y accumulait et se déversait inopinément sur les visiteurs qui avaient la malchance de passer dessous. Au bout du compte, on a enlevé toute la toile, teint les poutres de bois naturel d’un vernis foncé et posé du contreplaqué sur les sections situées directement au-dessus des portes.
Jeremy Sturgess, qui dit lui-même avoir un fort penchant pour la dimension artistique de l’architecture, a peint le plafond de la rotonde où se trouve l’entrée de constellations de l’hémisphère nord et aménagé un « puits de lumière qui évoque la lueur particulière du soleil de minuit. » Il proposait aussi qu’on hisse chaque année une série de bandes de couleur sur la façade ouest du bâtiment pour représenter l’éclosion des fleurs au printemps.
« La configuration sobre et élégante évoque la délicatesse naturelle d’un squelette de poisson ou la simplicité fonctionnelle de la charpente d’un kayak. On reconnaît dans ses lignes la simplicité de moyens caractéristique de la façon traditionnelle de régler les problèmes techniques dans le Nord canadien, tradition dont se sont inspirés ses créateurs. »
« Les voyageurs peuvent dorénavant être assurés de trouver, au Yukon, un endroit revigorant où s’arrêter… un bâtiment exprimant le même esprit d’aventure que celui qui anime cette contrée sauvage en lui donnant une forme nouvelle et engageante. »
- The Architectural Review, mai 1993
En 1996, il fut décidé que le Centre d’information touristique du Yukon emménagerait dans de nouveaux locaux construits au centre-ville de Whitehorse et que le bâtiment qui l’abritait depuis cinq ans serait converti pour accueillir le Centre d’interprétation de la Béringie. Le contrat pour la rénovation et l’agrandissement de l’édifice a été cette fois accordé à un cabinet d’architectes de Vancouver, la société Boni-Madison. L’annexe rectangulaire qu’ils ont construite n’a pas soulevé autant de controverse que le bâtiment original. D’apparence extérieure plutôt ordinaire, l’annexe se révèle un petit bijou d’architecture à l’intérieur, où des corridors tout en courbe mènent à une salle d’exposition de conception très originale. Le nouveau centre, dont le mandat était de « présenter et de préserver le savoir traditionnel des Premières nations et les connaissances scientifiques entourant le vaste sous-continent que constituait la Béringie », a ouvert ses portes le 29 mai 1997. À la cérémonie d’inauguration, Charlie Peter Charlie, un Aîné d’Old Crow, a joué du violon et le ministre du Tourisme, Dave Keenan, a présenté le bâtiment tandis qu’on mettait la dernière touche au diorama des grottes du Poisson-Bleu.
PRIX D'ARCHITECTURE
- AIA Western International Design, Award of Merit (prix du mérite), 2000
- Gouverneur général, Médaille d’excellence, 1997
- Alberta Association of Architects, Merit Award (prix du mérite), 1995
COUVERTURE MÉDIATIQUE
- Conseil canadien du bois, Outstanding Wood Buildings, « Yukon Visitor Centre », 2004
- Canadian Commerce and Industry, « Edmonton architectural firm wins medal for excellence », décembre 1997
- Alberta Native News, « Edmonton architectural firm wins medal for excellence », août 1997
- Yukon News, « Beringia Centre has winning design », 12 mars 1997 (en anglais)
- Canadian Architect, « Winners: 1997 RAIC Governor General's Award », juin 1997
- Edmonton Journal, « Architects' exhibit goes to extremes », 13 avril 1995
- Canadian Architect, « Yukon Visitor Reception Centre », novembre 1994
- The Architectural Review , « Northern Exposure », mai 1993