Mammouth Laineux
Pour beaucoup, le mammouth laineux est le principal représentant des mammifères de l’époque glaciaire. Ce gros éléphant poilu était parfaitement adapté à la vie sur la steppe à mammouth qui couvrait le Yukon à l’époque glaciaire. Le mammouth laineux était à peu près de la taille d’un éléphant d’Afrique, soit un peu plus de 3 mètres au garrot. Il consommait plus de 200 kilos d’herbe par jour.
La découverte de carcasses complètes de mammouths gelées a permis aux scientifiques d’en apprendre beaucoup sur la vie et l’apparence de cet animal emblématique. Certaines caractéristiques physiques préservées peuvent même être liées à des adaptations spécifiques à la vie dans le froid : une fourrure épaisse, de petites oreilles et une queue courte sont autant d’exemples d’adaptations qui visent à minimiser la perte de chaleur.
Comme une grande partie de la mégafaune du Pléistocène, le mammouth laineux a disparu lorsque le climat s’est réchauffé à la fin de la dernière glaciation. Des fossiles trouvés en Amérique du Nord et en Asie révèlent que le mammouth laineux a disparu du continent il y a environ 12 000 ans. Fait remarquable, il a survécu sur de petites îles de l’Arctique, au large de la Sibérie, d’où il aurait disparu voilà environ 4 000 ans.
Histoire du mammouth laineux au Yukon
Les longues défenses recourbées du mammouth laineux sont probablement le fossile de l’époque glaciaire du Yukon le plus facilement reconnaissable. Chaque défense d’un mâle adulte pouvait faire plus de 3,5 mètres de longueur et peser plus de 100 kilos. Elles lui servaient probablement pour attirer les femelles et impressionner les rivaux pendant la période de reproduction, pour se défendre et pour creuser dans la neige pour atteindre l’herbe pendant l’hiver.
Les défenses constituent une mine de renseignements sur la vie du mammouth. L’étude des anneaux de croissance des défenses (qui se forment au fil du temps, couche après couche, un peu comme ceux des arbres) permet aux scientifiques de déterminer le mode de vie et l’état de santé du mammouth tout au long de sa vie, ainsi que les conditions du climat et les mouvements migratoires de l’animal.
Les fossiles de molaires de mammouth abondent au Yukon. Les molaires de mammouth comportent des caractéristiques très distinctives : leur face triturante, plane, est pourvue de crêtes d’émail qui permettaient de broyer et de déchiqueter l’herbe coriace. L’analyse des molaires de bébés mammouths trouvées à Old Crow, au Yukon, a révélé que les jeunes mammouths auraient été allaités pendant bien plus longtemps que les éléphanteaux d’Afrique d’aujourd’hui – ils se nourrissaient presque exclusivement du lait de leur mère jusqu’à environ trois ans. Cette longue période d’allaitement pourrait être une adaptation qui permettait aux petits de survivre aux longs hivers aux journées courtes, lorsque la nourriture était peu abondante. Ou alors, peut-être que les jeunes mammouths préféraient rester près de leur mère afin d’être protégés plus longtemps contre les attaques d’un lion de la Béringie ou d'un autre prédateur affamé.
Les premiers mammouths auraient traversé la Béringie vers l’Amérique du Nord voilà 1 million d’années. L’ADN extrait des os fossilisés révèle que les mammouths laineux descendraient de ces premiers mammouths, et leur présence au Yukon et en Alaska remonterait à il y a environ 300 000 ans. Ces descendants se seraient ensuite répandus en Béringie de l’Ouest et en Europe par le pont continental de Béring. Un cousin proche du mammouth laineux, le très imposant mammouth colombien (Mammuthus columbianus), vivait dans la partie sud de l’Amérique du Nord. Selon des données génétiques récentes, il y aurait eu des croisements entre le mammouth laineux et le mammouth colombien dans les régions où les aires de répartition des espèces se chevauchaient.
Découvertes récentes
Le saviez-vous?
Les scientifiques ont trouvé des preuves que, comme l’éléphant moderne, le mammouth se servait parfois de ses défenses comme d’un « support » pour reposer sa trompe.
Il aurait utilisé celle de droite ou celle de gauche, selon qu’il était droitier ou gaucher.
Grâce à l’incroyable pouvoir de préservation du pergélisol, le grand surgélateur naturel du Nord, les généticiens sont à deux doigts d’être en mesure de faire revivre le mammouth laineux! On connaît maintenant le génome complet du mammouth, et on a cerné les séquences qui codent pour la couleur de son poil (et les mammouths n’étaient pas tous « couleur café ») et certaines protéines sanguines. Mais la « production » d’un mammouth bien vivant est encore de la science-fiction.
Pour en apprendre encore plus sur le mammouth laineux, consultez le dossier de recherche sur la Béringie (en anglais).