Machairodonte d'Amérique

Le smilodon ou tigre à dents de sabre (Smilodon fatalis) est probablement le félin à dents de sabre le plus connu de l’époque glaciaire. Pourtant, ce prédateur n’a vécu que dans le sud de l’Amérique du Nord (son aire de répartition ne dépassait pas le sud de l’Alberta). L’aire de répartition du machairodonte (Homotherium serum) était beaucoup plus vaste. L’espèce serait donc un bien meilleur emblème des prédateurs de cette époque. On confond souvent le machairodonte et le smilodon. Cependant, les deux espèces de félin à dents de sabre se distinguent par la longueur et la largeur de leurs fameuses canines supérieures. Celles du machairodonte sont en forme de cimeterre, courtes et épaisses, au tranchant crénelé, tandis que celles du smilodon sont en forme de poignard, longues et effilées. Les deux félins auraient été de redoutables prédateurs de l’époque glaciaire, mais, à ce jour, on n’a trouvé au Yukon que des fossiles de machairodonte.

Machairodontes exposés au Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon
Machairodontes exposés au Centre d’interprétation
de la Béringie du Yukon

Les machairodontes et les smilodons font partie d’une branche maintenant éteinte de la famille des félidés, ce qui n’a été confirmé que récemment, grâce à l’ADN extrait d’un fossile du Yukon. Comme ces félins n’ont pas de parent proche vivant, les paléontologues peinent à déterminer leur mode de vie, l’utilité de ces longues canines et les causes de leur disparition. 

Le machairodonte d’Amérique avait de longs membres, un long cou puissant, un corps court et trapu, un dos tombant, une queue relativement courte et des canines supérieures très développées. L’espèce aurait donc été bien adaptée au sprint se terminant par une morsure précise et fatale. Toutefois, ce style particulier de chasse de précision ne convenait qu’aux proies de taille moyenne (ex. cheval, bison ou caribou). C’est pourquoi on croit que le machairodonte a disparu parce qu’il n’a pas pu s’adapter à l’évolution de ses proies et à l’apparition de prédateurs plus généralistes.

Le machairodonte au Yukon

Avec ses 200 kg, le machairodonte était, après le lion de la Béringie, le plus grand félin du Yukon à l’époque glaciaire. La faible représentation du machairodonte dans le registre fossile donne à penser que l’espèce était relativement rare; la population aurait atteint son maximum il y a près de 20 000 ans.

La découverte du premier fossile de machairodonte au Yukon remonte à 1968. L’os, un fragment de la mâchoire inférieure, a été mis au jour par des chercheurs qui travaillaient le long de la rivière Old Crow, dans le nord du territoire. Depuis, des os de machairodonte ont également été trouvés dans les champs aurifères du Klondike et en Alaska. 

En se servant de la composition chimique et de la datation au carbone 14 des fossiles de machairodonte et d’autres prédateurs découverts à Fairbanks, en Alaska, les chercheurs ont pu étudier les relations prédateur-proie qui existaient en Béringie à l’époque glaciaire. Par exemple, les fossiles de machairodonte de Fairbanks dataient tous d’environ 35 000 ans, une époque où on trouvait peu de lions de la Béringie ou d’ours à face courte. Le machairodonte chassait le cheval et le bison, les proies les plus abondantes de cette époque. Lorsque les populations de chevaux et de bisons ont commencé à décliner et que l’abondance des lions de la Béringie et d’ours à face courte a commencé à augmenter, le machairodonte a été supplanté et a disparu.

A scimitar cat canine from the Canadian Museum of Nature.
Canine de machairodonte du Musée
canadien de la nature

Découvertes récentes

Depuis très longtemps, les chercheurs s’efforcent de déterminer la raison d’être des longues canines supérieures des félins de l’époque glaciaire. Des recherches récentes ont tenté d’expliquer l’évolution de ces félins en se fondant sur le rapport entre la taille de leurs canines et celle de leur corps. Conclusion étonnante : il est possible que les énormes canines des smilodons n’aient pas été, comme on le croyait, un outil de chasse, mais plutôt un outil de séduction (ou de « sélection sexuelle », en langage scientifique). La fonction des canines des smilodons aurait donc été complètement différente de celle des machairodontes et des félins modernes, chez qui les canines sont devenues, au fil de l’évolution, des armes de chasse spécialisées.

Pour en apprendre encore plus sur le machairodonte d'Amérique, consultez le dossier de recherche sur la Béringie (en anglais).